Bio’ de Matjules, fondateur et coordinateur du Collectif

LES DEBUTS
Matjules se définit comme auteur engagé. A partir de 2016 avec sa mue anarchiste il a fini par abandonner et critiquer les catégorisations « citoyen » et « journaliste » qu’il faisait un temps siennes, mais favorables par nature aux institutions comme au système de pouvoir professionnel. Il est venu de sa province normande, après un passage par Angers durant 2 années en études d’imagerie médicale avortées, s’est rapidement impliqué dans la vie parisienne dès 2004, toujours en électron libre au mieux, y a trouvé des moyens sans cesse renouvelés de s’épanouir, et de développer tout ce qu’il n’osait espérer. Du pire au meilleur certes, en cette cacophonie de sons, lieux, rencontres, bravant l’incertitude et les aléas sociaux, particulièrement âpres en des espaces où les inégalités sont concentrées.
Il a d’abord grandit entre la ville et la campagne. Jeune, l’ennui est très vite apparu dans sa vie, comme le manque de possibilités d’expression propre, et de découverte. Une forme d’autorité, de morale éducative très commune à notre époque, malgré mai 68, fut à la source de son besoin latent d’émancipation et de mixité sociale. La discrimination territoriale n’a pas cessé de le suivre. Un vécu précaire, en province et ghetto de banlieue (racket d’Etat/privé à l’instar de tout un chacun(e), garde à vue abusive…). D’où sa soif de vivre, parfois explosive, pour ce tempérament au prime abord plutôt froid, relativement sérieux et nordique (d’origine russe notamment, même si cela reste un aspect qu’il estime flou de sa personne, sans connaître, et nullement représentatif donc si ce n’est la descendance relativement lointaine).

UNE MATURATION POLITIQUE ET MEDIATIQUE
Dès 1998, il fut principalement influencé par les documentaires et lectures de Noam Chomsky, Denis Robert et Pierre Carles (pourtant opposés), alors repassés vingt fois, soulignés et décortiqués, jusqu’à occuper l’ensemble de son existence. Ses motivations revendicatives ont été forgées, de surcroît, par une foi providentielle, d’abord intégrée intellectuellement, sur le chemin de l’amitié, puis ressentit dans toute sa plénitude, à l’inverse de son environnement initial particulièrement athée. Cet aspect personnel profond, allié à son expérience face à des systèmes coercitifs, de la famille à l’école, en passant par le monde de l’entreprise, lui a permis de se structurer pour résister aux errances en dissidence.
La première partie de sa vie d’adulte fut donc politique, en lien avec Attac, la Confédération paysanne, Zaléa Tv, de façon partielle, et progressivement Survie. Ses rêves d’autonomie et de progrès pour la collectivité, l’on fait voyager d’un forum social à l’autre, de conférences locales multiples à des colloques régionaux, comme à Cholet, avec les Vidal Mothes (cf. l’article du Monde sur l’éducation permanente, obtenu par Pierre Bourdieu ; leur combat pour une scolarité libre, scrutant la culture arabo-andalouse face à un rectorat réticent les ayant pénalisé lourdement…).
De quoi effectivement, rencontrer des figures syndicales, associatives, et vivre à fond ce panache militant, transgénérationnel. Au son de Léo Ferré, sur les routes de France, les produits du terroir en bouche, la joie de partager sans cesse renouvelée. Afin de croire à un avenir meilleur, se battre pour y arriver, tous ensemble. Une belle utopie, en mouvement.
Il s’est adonné à la radio avec une joie immodérée, à la fois comme animateur/chroniqueur d’émission éclectique, et somme toute modeste, comme Phonetik ultra sur HFM (camarade discret d’un futur Grolandais quelque peu revêche), aux plateaux musicaux innovants, regroupant des groupes repérés lors de tremplins spécialisés (via Music’ 76 notamment). Ou bien comme invité sur RC2, Beur FM, HDR (Primonde de Moïse Gomis, avec présentation de l’association Survie et débat entre acteurs impliqués), quand ce n’était pas la presse locale également : Liberté dimanche, le Paris Normandie, intrigués par ses activités politiques, ou créations web pour de grands reporters… Mais aussi laissant la parole à des spécialistes, inconnus, députés, les invitant à la contradiction, sur des sujets techniques. Comme par exemple : les droits et évolutions numériques, dès 2004, avec Jean Claude Bateux, président alors du Groupe d’études sur la musique à l’Assemblée nationale.
A son actif, de ces moments uniques à retenir, une interview obtenue le matin même auprès d’EMI, et filmée, de 30 minutes, chose rare, avec le chanteur Raphael, juste avant un concert à l’Exo 7 de Rouen. Ou plus inattendu, Mali du groupe Tryo annonçant sa présence au Zénith de Rouen, en novembre 2003, pour soutenir l’association Survie, devant un parterre de 6000 personnes.
Venu sur Paris, de façon relativement hasardeuse, il a profité du fait de pouvoir loger provisoirement au Couvent des dominicains pour se lier d’amitié avec le père de Beaurecueil : le célèbre humaniste, sujet d’un Envoyé spécial de France 2, pour sa dévotion, certes ambigüe (de quoi se délier aussitôt le doute apparu), vis à vis des enfants des rues à Kaboul – comme Ehsan Mehrangais, président d’Afghanistan Demain, également proche à ce moment là, et interrogé pour diffusion.
Matjules a travaillé sur le dossier afghan, dès 2001. Reçu par Merabuddine Masstan, le bras droit du commandant Massoud, à l’Ambassade d’Afghanistan à Paris, devant un journaliste de France soir arrogant, mais mouché. Ce qui l’a amené à travailler ensuite, assez logiquement, pour deux prix Albert Londres : le regretté Christophe de Ponfilly et Frédéric Laffont, à Interscoop – Albert Films, dans le bâtiment occupé par les Arènes éditions ensuite. Un moyen d’explorer très tôt les limites du reportage, ses contradictions propres et obstacles. Une fierté, cela dit, le frère du commandant Massoud, de Londres, aurait complimenté le travail de Matjules. L’information venait de Qassim Azimi, un intime du Lion du Panshir avec qui des liens furent noués jusqu’à le recevoir chez ses parents initialement.

FAIT D’ARME MAJEUR, LA GENESE DE TOUTE UNE VIE
Entre 2001 et 2006, en ces années d’accélération militante, de son implication « citoyenne » pour vulgariser rapidement (terminologie consensuelle dont il s’émancipera comme déjà dit) auprès de foyers d’immigrants sénégalais ou maliens, au contact des sans-papiers, de leurs luttes souvent perdues, ou au milieu d’actions répétées d’agitations populaires, il fut l’auteur de France à fric, avec Racaille Film productions, un documentaire sur René Vautier et Francois-Xavier Verschave, suite à l’organisation de leur rencontre en octobre 2003, d’une émission radio en quartier précaire mais riche humainement, d’un Forum Fnac, en passant par une conférence à l’Université, pour la création du groupe local Survie Rouen. Un investissement extrêmement intense, à refuser de céder aux obstacles et renoncements fréquents. Entre prospection, coordination, logistique, recherche, financement, gestion des évènements, une somme de processus assumés jusqu’à en oublier soi-même. Cependant, malgré ce dévouement reconnu d’une mairie à un festival altermondialiste etc., les mécanismes internes à l’échelon national de l’association principale concernée n’étaient pas encore assez évolués démocratiquement, dixit un mémoire de Master de recherche de l’IEP de Paris réalisé par Manuel Domergue (fondateur de Jeudi noir, auteur avec Thomas Deltombe de l’ouvrage Kamerun, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, etc), pour que l’on comprenne l’intérêt d’initiatives propres à chacun, et les favorise. L’enterrement d’une vocation quasi viscérale fut surtout paternel, dès la naissance pourtant réussie de Survie Rouen, et les louanges nombreux afférents.
L’amertume de ce bannissement arbitraire, n’a pas empêché la participation de Matjules à la mise en place de commissions thématiques, dans le cadre du Comité de Soutien au Peuple Togolais (CSPT), en amont de la dénonciation des élections truquées au Togo par le clan Eyedema en 2005. Il a pu soutenir certes très discrètement ou à distance d’autres implications plus heureuses comme celle de Nicolas Lambert, épinglant Elf la pompe Afrique, sur les planches, suite au fameux procès rendu médiatique (qu’il aura d’ailleurs suivi, suscitant à nouveau l’intérêt de François-Xavier Verschave). Cela fait plus de dix ans qu’ils se battent sur ces questions liées au néocolonialisme, avec notamment Camille de Vitry (L’Or nègre, Le Prix de l’or). De quoi faire se rencontrer Lionel Girard auteur de la pièce Le procès des Biens Mal Acquis, et Nicolas Lambert, quelques années plus tard. Une passion toute naturelle et nécessaire à ses yeux, éprouvée à de nombreuses reprises désormais : servir d’entremetteur pour des talents ayant des intérêts culturels et sociaux communs, ne surtout pas passer à côté de ces liens logiques et précieux, en être le catalyseur. Mais le mal étant fait, une autre phase viendra apaiser un peu la difficulté à explorer d’emblée les désordres du monde.

UN VECU PRECARISE
Matjules a toujours en tête, grâce à l’opus Mourir à 30 ans du très contestable Romain Goupil (passé en boucle, dans sa jeunesse), les mots de Michel Recanati, sur le fait d’être suffisamment fort pour être capable de se présenter avec ses faiblesses.
Ainsi, pour le situer rapidement, et expliquer encore davantage ses nombreuses initiatives, comme son empathie vis à vis de causes impliquant principalement des pouvoirs proches : Matjules a un passif ouvrier, boulot d’usine, dans le bâtiment, domestique (encore fréquemment, à vivre la ségrégation). Et il fut essentiel pour lui d’intervenir pour que soient visibles les contenus artistiques et politiques fondamentaux qu’il peut encourager, ou de sa création, suite à ces répétitions de souffrance (harcèlement moral chronique, hygiène et sécurité catastrophiques, racisme constant environnant, frappé en poste sur site stratégique d’Etat/privé par des collègues fachos déjà violents entre eux, éléments combattus et prétextes à renvoi). Les collègues venus du Maghreb ou d’Afrique noire ont mainte fois, malgré le silence provoqué, et sans relâche exprimé la nécessité que telles démarches philanthropes puissent être considérées, avec l’altruisme suffisant, dans l’intérêt des aspects évoqués.
Quand on vit dans un enfermement, une relégation programmée, avec de nombreuses difficultés familiales aggravées petit à petit (qui lui arracheraient le coeur d’évoquer, la maladie relativement précoce d’une mère et le courage des siens à la combattre, aspect certes répandu, mais trop privé et intime pour chacun…) on a régulièrement pas le droit au chapitre, et il est difficile comme on le sait d’être en relation avec les bonnes personnes, d’exister, en matière de publication, d’agora. Les contacts ouverts et généreux ont donc toute sa gratitude.

CULTURE SUPPOSEE REPARATRICE, SOUVENT FACTICE
ET ANNONCIATRICE D’UN DEGOUT EMPIRIQUE SUPPLEMENTAIRE POUR LES DETERMINANTS DE POUVOIR
Matjules fut donc porté progressivement à devenir également journaliste freelance, à ses frais la plupart du temps, dans le domaine de la culture et de l’événementiel, pour Paris Normandie, Art & You (un ancien de Fluctuat.net et doctorant en web-art, lui ayant proposé d’y être pigiste, responsable luxe, mode et art contemporain), CityZens, etc… Nourrit d’un amour profond pour le cinéma, les festivals musicaux, la création libre, il est ainsi autant capable d’aller saisir Gergiev en répétitions d’après concert à Pleyel, que le groupe incognito Daïland crew à Alliances urbaines, de recueillir les confessions du rappeur et producteur Marky, que d’être au premier rang en accrédit’ presse à Bercy avec son simple smartphone pour filmer Juste debout, un renouvellement d’une saison à l’autre.
Ou bien, plus people et relativement superficiel parfois : capter rapidement quelques mots de personnalités lors d’un défilé de Jean Paul Gaultier, après avoir joué vaguement le modèle pour quelques agences et shooting ; partager le vécu d’une cinéaste ambitieuse turc, avec tous les aléas excessifs que la supposée notoriété a pu alors provoquer ; proposer deux trois petites choses à Marion Cotillard en backstage d’un concert de Sinclair ; embarquer avec le groupe Smooth en van vers Pigalle ; avoir portes ouvertes dans la plupart des salles électro rock parisiennes grâce au tourneur Full Force, et se galvaniser ainsi à fond de l’euphorie musicale nocturne ; se retrouver scotché avec des mannequins de LA chez un des boss de la mode à Paris, en lien avec Staff international ; essayer les nouvelles collections de Dsquared dans leur living privé en vue d’une campagne de pub. Ou encore, tagguer un apart’ d’une copine avec un artiste résident de la Galerie W, souhaitant aussitôt exposer la vidéo de cette performance ; traverser le tout Paris avec Emmanuel de Brantes pour rendre des tableaux à des graffeurs de renom, et croiser taxidermiste et autres mondains cultivés ; explorer la création en maroquinerie avec le designer de Lancel, et découvrir les nouveaux marchés asiatiques de l’enseigne en bossant sur la boite mail de l’ancien patron m’ayant laissé son fauteuil à son bureau parisien chez Richemont ; s’amuser quelques mois avec les humoristes d’un fameux théâtre dédié à l’art du rire, comme Pierre Emmanuel Barré ou Kheiron ; une expérience imprévue et enrichissante outre atlantique, au pays d’Henry Miller via une boss de la Warner…
Des rencontres multiples, indénombrables : un graphiste original au salon Who’s next, une styliste en vogue à Premiere classe, des photographes de talent au studio Daylight, un illlustre réalisateur dans le show-room d’Anne Valérie Hash, l’interview d’un célèbre joueur de NBA, ou d’acteurs du monde du spectacle, relativement populaires, comme Timsit, etc. L’écriture de critiques de films, des chroniques amusées ou plus solennelles, quelques jeux d’acteur improbables, un mélange entre réalisations vidéos loufoques et oeuvres épistolaires personnelles, comme des envolées intellectuelles en symbiose avec l’alchimie ambiante. Ou bien de mettre en avant, directement pour 10 000 lecteurs sur Myspace, lors de l’émergence libre des réseaux sociaux, une Nuit solidaire pour le logement, avec Augustin Legrand et Mathieu Kassovitz (février 2008), les Campements de l’association les enfants de Don Quichotte. Donc de vivre ces moments feutrés, ou débordant d’énergie, comme de ressentir la nervosité ambiante, de contextes virulents et hostiles, dramatiques ou bienveillants. Il se sent le mieux en musique, au contact des artistes, photographes, plasticiens, écrivains, à partager ces liens, interactions, au coeur de la création, en privé surtout, affectivité en effervescence, sans l’objectif qui porte à distance.
Matjules a donc voyagé entre les domaines politiques et artistiques. Parfois libéré de la souffrance sociale, il a tenu surtout à investir ces espaces impossibles, interdits, de la mode, de l’art graphique ou du cinéma, pour qui ne vient pas d’un certain milieu, ne joue pas à fond les codes arrivistes des relations en réseau (n’y est pas favorable, pour être clair). Le confort pour tous étant son dogme idéologique central, la confrontation avec des codes corporate et industriels, en hauts lieux parfois, fut davantage pertinente pour son parcours, que de s’enliser en des niches militantes convaincues. De quoi enrichir encore plus sa détermination passée : tenter de voir ainsi de l’intérieur, au hasard des nécessités, ce qui a été critiqué durant tant d’années à distance (Bolloré, Richemont, les services de l’Elysée, l’industrie nucléaire…), se mettre ainsi dans cette difficulté. L’idée d’infiltration peut paraître nauséeuse, déloyale et non éthique. Mais Pierre Bourdieu ou François-Xavier Verschave ont largement exprimé l’importance de la trahison pour que des éléments de vérité percent, ceci malgré l’omerta orchestrée par les groupes de pouvoir. Le schéma est constant et a fait ses preuves. De quoi s’en inspirer comme en résistance, toutes proportions gardées.

UN RETOUR POLITIQUE
La synthèse socio-culturelle se fait en connaissance de cause. Et baigné encore plus fortement dans l’aigreur face à l’injustice sociale, de laquelle il convient de se sortir. En 2010, Matjules a pris à partie Dominique de Villepin, au salon du livre, porte de Versailles à Paris, concernant la censure d’un ouvrage de Denis Robert sur Clearstream. L’interpellation fut appréciée du principal concerné, comme une vidéo précédente réalisée à la Cigale, en lien avec le Comité de soutien alors constitué.
Finalement au cours des deux dernières décennies, il n’a pas compté les innombrables interventions réalisées sur des aspects relativement importants. Avec le recul et sans en faire l’inventaire complet, différents sujets stratégiques de premier ordre furent effectivement traités sous forme de micro-trottoir, prises de vues, interview, reportages. Sans être exhaustif, il y eu le Diner du Siècle à dénoncer, des questions/réponses à Bertrand Delanoe sur BFM Tv à la noix concernant Ben Ali, relayées sur Rue 89 ; un entretien filmé avec le difficile Me William Bourdon en ce sens également, publié par La Télé Libre de John Paul Lepers, suivi de semaines joyeuses de montage (certes qu’un temps vu l’état d’esprit réel) concernant le procès Berlusconi, pour lequel il fut accrédité au tribunal de Milan ; une réflexion synthétique et de fond menée avec Noam Chomsky par e-mail concernant la fabrication du consentement des élites, en comparaison avec le reste de la population. Il fut en immersion progressive aussi (même si relative) auprès des Jeudi noir, ou présent d’un procès politique à l’autre, au côté des écrivains et trublions critiquant les affaires les plus marquantes : Elf, Ecoutes de l’Elysée, Clearstream, Angolagate, Guantanamo, Vivendi, Zemmour… ; sur un tournage de Camille de Vitry à Télé Bocal, revisitant la Commune, comme un écho .
La lecture tardive du mémoire de Master de recherche de l’IEP de Paris de Manuel Domergue où étaient défendus les anonymes en lutte (témoins de mauvais traitements vécus ou partagés), la crédibilité de leur présence et expressions diverses, surtout leur possibilité d’autonomie, lui a également donné des forces supplémentaires pour reprendre ce chemin vertueux de l’engagement social plutôt que de s’effacer totalement d’un registre politique commun.

PHILOSOPHIE ACTUELLE
Matjules se bat pour l’altruisme et l’altérité, contre le principe d’ostracisme et d’exclusivité, son nouveau cheval de bataille. La propriété sur les contenus est tellement à l’opposé du combat de personnes qui s’engagent sur des sujets. On gérerait le discours de Martin Luther King comme on dispose des droits de diffusion de la coupe du monde de foot !? Non, l’aspect sacré de l’humain exige un recul philosophique suffisant pour ne pas faire des liens une prison, une appropriation, gangrène de notre temps partout présente. Il y a urgence à s’y attaquer. Et c’est ce que Matjules s’attelle dès maintenant à faire, comme toutes sortes d’esprits indépendants, d’une rédaction à une autre, d’un lieu de pouvoir à un autre.
Il a en face de lui beaucoup de terrains minés à dépasser, sans doute irréversibles et stérilisants. Ainsi, le prétexte à censurer des sujets avec l’alibi supposé « protestant », de la lutte contre la mise en avant d’un leader, voilant simplement un autoritarisme forcené, et une non compréhension de l’engagement pris par l’étranger, l’inconnu, le non autorisé, celui qui dérange, et n’a pas pris l’aval d’apôtres des diplômes et de la perfection pour exister, s’exprimer, dire le monde, le voir, et le transmettre. Tare omniprésente d’un ordre imposé, à l’opposé du punk ou romantisme, de cette spontanéité cash et directe donc sincère, lorsque c’est plus fort que tout, profondément artistique, une raison d’être.
Matjules se donne pour la reconnaissance de ce que l’on appelle abusivement le « citoyen » (sans défendre l’Etat pour autant donc – le terme simple d’« humain » étant préféré), souvent plus légitime au bas mot que le titre professionnel (avec lequel tout est beaucoup trop mécanique), et les passe droit de forme (processus pour s’imposer). Il fut assez longtemps pour le revenu d’existence universel sans conditions avant de comprendre que c’est maintenir la dépendance à la production et les monnaies permettant les domestications de masse (non équivalence entre les activités) ; la suppression de la subordination au coeur du code du travail ; exister socialement autrement que par une fonction et la recherche d’excellence ; un temps pour voter directement sur les décisions, les lois, et pas sur les personnes, puis totalement hermétique au suffrage et à la représentation ; se battre face au cloisonnement, un des principes abscons du pouvoir ; créer du lien là où il n’y en a pas.

NOUVELLE CLAQUE POLITIQUE
Déjà connaisseur de la Lombardie, il s’est destiné un temps à être correspondant en Italie pour des organes média français (relatifs à sa langue natale maîtrisée) intéressés par la couverture des frasques de Berlusconi, le Rubygate et des sujets touchant à la mafia, la lutte de Saviano… France 24 semblait déjà preneur pour certains aspects (même si Matjules ne partage aucunement la ligne politique de ce CNN à la française). De retour sur Paris après quelques semaines de relative confiance, les mécanismes de pouvoir venant de la direction de La Télé Libre furent finalement un catalyseur de tout ce qu’il exècre. Tout comme une partie du leadership au CRID, et un certain milieu politisé, après avoir espéré partager une même idée de l’engagement, un partage créatif. Au delà de principes généreux affichés, l’esprit carriériste et la sacralisation de l’excellence, ou plutôt ce que l’on juge l’être, via une forme de quasi « clientélisme » et copinage à peine masqués se sont manifestés un peu trop crûment.
Embarqué en 2011 dans l’organisation et la coordination de manifestations visuelles sur les bâtiments mal acquis des dictateurs Bongo, clan Ben Ali, etc. à Paris en lien avec des artistes et créateurs de prototypes de ce domaine, il en est venu à créer début 2012 le Collectif des Innovations et Illuminations politiques. Ce qui lui a valu une couverture médiatique dont il fut à l’initiative, d’un projet politique à l’autre (Owni, RFI, Bastamag, Slate Afrique, France 24, Global mag, France Tv, Le Point, L’Humanité, L’Express, etc…).
Avalant toutes sortes de couleuvres, au delà de quelques surprises et actes de générosité (Jean Baptiste Eyraud du DAL lui prêtant un projecteur d’emblée, sans conditions ; Paul Bien’ et ses algues écolo’…) des projections et happenings arty engagés furent enfin réalisés pour diverses associations emblématiques à la bonne réputation, à la fois sur l’Assemblée nationale, le Palais de Justice, le siège d’Areva, BNP-Paribas, ou encore un bâtiment d’Axa anciennement occupé par Jeudi noir. En interne le bilan fut on ne peut plus symptomatique des travers de ce qui guide fondamentalement l’essentiel des personnes obtenant un pouvoir dans des structures à l’image volontairement exemplaire. Le cynisme, l’arrogance, le dédain au coeur des mécanismes conduisant à éliminer, prendre la place, se faire un nom, occuper l’espace, décider et juger de ce qui est bon. La communication consiste à dénoncer ce même type de phénomène venant des sphères corporate et industrielles. Ceci pour mieux prétendre incarner des valeurs humanistes, se faire une belle publicité. Matjules en a été très vite écoeuré. D’autant qu’affronter cette duplicité au sein de la société civile est un combat de toute une vie.
Pour autant, début 2013, sachant rebondir, Matjules s’est lancé dans une série de tags politiques sur le macadam, à partir de pochoirs. Et en avril 2013, il a enfin interpellé François Bayrou au siège du Modem concernant sa révérence envers Bongo. De quoi le déstabiliser et révéler quelque peu l’hypocrisie de tel leader « centriste », surtout lors d’un échange sur le thème des mafias en démocratie, auprès des sympathisants de son parti.
Autre challenge nécessaire, Matjules a accepté la proposition de Gens d’images (rencontrés à la Gaité Lyrique, lors d’une prise de parole auprès de Grl Fr, en juin 2013) d’être intervenant d’un Atelier Images, « Coups de projecteurs et coups d’éclats. De l’image à l’action politique », effectué à la Fiap à Paris en septembre 2013. Il a immédiatement proposé à Cyril Cavalié, photojournaliste et réalisateur assez proche, de l’accompagner à la tribune (dispositif pour autant décrié), afin d’évoquer les actions arty dans l’espace publique.
Matjules a également été interviewé par Guy Registe de l’émission L’entretien du jour sur Telesud en janvier 2014, au sujet des luttes et des tags politiques de billets de banque (notamment contre le droitier Valls). Il a obtenu par la suite que Bruno Boudiguet y soit invité concernant son enquête relative aux militaires « blancs » ayant tiré sur les basesero les 13 et 14 mai 1994 lors du génocide des Tutsi.

NOUVEAUX ERREMENTS PLUS OU MOINS CONDITIONNES PAR LE SYSTEME OU EN AFFRONTEMENT AU MIEUX
En préparation toujours d’un ouvrage critique du monde du travail, Matjules ne compte pas s’arrêter là. Se laissant guider par de multiples conseils répétés alentours, il a décidé de créer son book, certes tardivement. Une agence de mannequinat l’a aussitôt signé, avant que cinq autres ne l’aient à leur tour reçu et enregistré. Ses contacts ont fait le reste afin de poser pour des campagnes de publicité, participer à des tournages, casting, shooting, ou défiler, sans que cela ne soit pour autant primordial pour lui, ni se mettre à tout accepter les yeux fermés. L’idée étant d’exprimer progressivement des émotions, se rapprocher du cinéma ou la tv, nullement de se focaliser sur la beauté ou l’apparence, encore moins être un produit.
Par ailleurs, Matjules a lié connaissance avec toute une tribu disparate et festive, au delà des Casseurs de hype, et tout autant connaisseuse des mondanités parisiennes : entre cocktails, vernissages et buffets dans des lieux plus ou moins prestigieux. Les Morsures de l’aube de Tonino Benacquista en toile de fond, ouvrage finalement peu fidèle de ce qui fait l’identité de ces voyageurs de la nuit (certes précarisés principalement). Eclectisme social donc. Cependant des blessures narcissiques chez la plupart. Finalement, la transgression d’interdits sociaux illégitimes est le but ultime de telle démarche d’entrisme : tenter de rompre déjà pour soi d’avec les ségrégations, dépasser les barrières de la hype fasciste de nature, en ces contextes dérisoires mais d’occupation, rejet et accaparement global des biens de la société cette construction infâme d’élites.
Matjules souhaite également développer ses facilités à filmer des moments incongrus, provoquant avec humour le quidam, comme l’aristocratie ou quelques people. Les retours sont déjà très positifs, de ces moments improvisés et joyeux. Raphael Mezrahi ou Baffie ont pu en vivre et davantage. Matjules apprécie surtout de ne point enfermer le rire dans des sketchs répétés, cloîtrés dans des salles de spectacles. Il préfère tel l’esprit jazzy, une des expressions de l’art ultime et gratuit, se déployer librement avec pour seule intention le désir authentique et non son orchestration surjouée.
La vie fera le reste, comme toujours, d’un rebondissement à l’autre. Tout est à réaliser. Le comique et chansonnier Adonis (acteur notamment dans le film Télé Gaucho, popularisant la mythique Télé bocal au-delà des habitués et de Richard son fondateur parfois quelque peu délicat) le voulait comme agent, un moment. Matjules pourrait rejoindre la scène de la vie, tout simplement, sans appartenir à un producteur, comme cela lui a été proposé pour écrire et jouer au théâtre Trévise une pièce sur le thème du racolage.

ENQUÊTE AU RWANDA
Suite au décès de sa mère, Matjules a pu financièrement se rendre au Rwanda pour enquêter à la suite de Serge Farnel et Bruno Boudiguet concernant les militaires « blancs » des 12, 13 et 14 mai 1994 à Bisesero. A son retour, il a organisé en février 2015 une exposition/vente au 100ECS à Paris au profit des femmes violées par des militaires de l’armée française et familles des victimes du génocide des Tutsi, dans le cadre de la Campagne de portraits pour le Rwanda (du Collectif des Innovations et Illuminations politiques) qu’il a lancé dès avril 2014 lors des 20ème commémorations et hommages. La Nuit rwandaise #11 début 2020 a utilisé ses interviews de rescapés, déjà disponibles sur le site web du CIIP, et un ouvrage concernant le négationnisme est en préparation de longue date (parallèlement à un plus personnel et hybride).

RUPTURE POLITIQUE SALVATRICE IDEOLOGIQUEMENT
MAIS AU COMBIEN DIFFICILE A VIVRE SOUS REGIME CAPITALISTE
Matjules s’est engagé au sein de Nuit debout de mars à mai 2016, principalement place de la République à Paris, et sur les réseaux (via Facebook, Twitter, Bambuser, et Télégram qui se critiquent). Déjà présent à la naissance du mouvement, y passant nuits et jours, l’essentiel est archivé via Facebook par recherche & tags sur MouvementDebout #Matjules. Il a très vite constaté des censures, accaparements, la centralité et le pilotage par des cadres politiciens classiques de cette lutte multiforme (aux meilleures heures à ses débuts). Il y a prôné l’horizontalité, les clivages légitimes, l’indexation à soi même en relations sociales et non à des entités démultipliées, la parole libre et ouverte avec modération au mieux des fachos, conspirationnistes, confusionnistes, structuralistes and co’.
Riche d’une décennie et demi à observer, partager, et intéragir au sein de la société civile, avec le recul notamment d’Occupy, comme des Indignés, il en est venu rapidement à repérer les abus, récupérations et dominations à l’œuvre. Il a donc entrepris de documenter en lecture ouverte ce déminage des manipulations identifiées, ceci sur les pages Bayou gate, Ruffin gate, Ball gate, Renou gate, Tissier gate, JR gate, Glanz gate, Buisine gate, puis Juan Branco bobo berk, Lettres ouvertes à Denis Robert, etc… Il fut repris, cité ou diffusé par Le Monde, 20 minutes, France 3, Tv debout, Radio debout, etc…
Parallèlement, son anarchisme s’est progressivement sédimenté à partir de lectures relatives aux enragés, remontant il y a plus de 200 ans, et à la nécessité de rompre avec la représentation, le vote, la loi du nombre qui n’est qu’audimat et principe majoritaire au détriment de minorités, les commissions et assemblées fruits du système technocratique existant à dénoncer, la production, le travail, les monnaies permettant les domestications de masse (non équivalence entre les activités), les titres, fonctions, qualifications, en somme l’essentialisation de distinctions verticales à la source des inégalités, de l’ostracisme social, de l’institutionnalisation et normalisation des ségrégations à tous les niveaux. Autrement dit, la remise en cause de la « valeur abstraite et dissociation » (argent, travail, marchandises, valeur) à la suite notamment de la philosophie d’un Robert Kurz (Krisis, Exit!) à ce sujet.

Entre 2020 et 2021 Matjules a écrit le témoignage Enième boulot d’usine, dont une version sonore est interprétée par l’acteur Julien Beramis avec la politologue Françoise Vergès pour Radio parleur (en cours). La revue Chimères publie le texte en janvier 2022 dans son numéro 99 (éditions Erès & diffusion web sur Cairn.info). Une proposition de lecture est également à l’oeuvre, par Ivan Recio à la Maison du savoir, interprétée par l’acteur Yaouenn.

Le vendredi 13 mai 2022 sort l’ouvrage Simusiga de Serge Farnel aux éditions L’Esprit frappeur (de Michel Sitbon), dans lequel apparait l’enquête de Matjules au Rwanda, via l’article de Luigi Elongui publié par LNR #11. Le même jour symbolique, Matjules transmet un exemplaire de ce livre à Marcel Harerimana reçu à la mairie du XVIIIème arrd de Paris (pour inaugurer ensuite la place A.Birara), avec un mot de Serge Farnel traduit en kinyarwanda pour lui. Matjules sollicite sa parole concernant les « militaires blancs » de mai 1994 à Bisesero, tel qu’il a pu l’exprimer déjà fin 2014 auprès de Matjules, et précédemment avec Serge Farnel.

Mise en relation de Serge Farnel avec Luigi Elongui par Matjules le 27 mai 2022 au Le Bouquet du nord à Paris.

(partiellement mis à jour en 2022)


En annexe : https://carnetsauvages.wordpress.com/2017/01/20/fwd-requete-pour-editer-un-auteur-visionnaire-engage/

https://www.editions-eres.com/nos-auteurs/125881/jules-mat#descriptionAuteur

A propos Collectif des Innovations/illuminations Politiques

Notre projet initial : convier nos semblables et leur proposer une série d’happenings d’ampleur, plutôt subversifs, selon leurs besoins. Ceci dans l’esprit du collectif Voina, comme de Krzysztof Wodiczko, Banksy, ou encore GRL Graffiti (qui se critiquent par ailleurs). Sans être du mapping commercial, ou une énième promo’ de réalisations personnelles, de prime abord (aspects trop mis en avant par le système). Ainsi essayer de redonner sa place à ce qu’il se fait de mieux en matière politique et artistique, avec les effets escomptés sur les pouvoirs en place.
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