(suite à 40 taf en prolo’)
3e jour de taf, de 12h à 21h30. Je me débrouille en arrivant pour aller réclamer une tenue plus chaude, vu le froid subi hier en devant passer de la production au packaging. Personne n’est là à l’accueil. Je dois deviner que quelqu’un va venir. Ca prend du temps et je dérange qui passe. J’observe du coup les murs. Des prix sont fièrement affichés. Lidl et Mc Do, des clients parmi d’autres se congratulent pour les qualités culinaires de telles immondices. Je venais de voir sur la route un de leurs camions me retardant, et exhibant en pub géante un succulent jambon recouvrant délicatement un morceau de melon à la fraîcheur étincelante, sur fond cette fois réel de montagnes enneigées qui défilent lentement, vu le poids lourd. Chimères et artifices marketing pour ne rien changer. Finalement deux dames qui s’occupent des vêtements arrivent. L’une d’elle, la plus âgée ne m’a pas regardé gentiment parce que j’ai osé réclamer une tenue qu’ont pourtant les autres relativement au froid. 🥶 Et elles m’ont filé un gilet qui a la fermeture éclaire cassée. J’ai bossé avec sans me plaindre. Elles m’ont fait perdre 35 minutes sur mon temps comptabilisé de travail, vu que l’on pointe. Et j’étais comme un con à dilapider dix minutes en pause de 15 minutes, à remettre le gilet ou le détacher. Pareil à la pause de 30 minutes pour manger.
J’ai du rester au même poste de 12h à 20h30. Travail à la chaîne encore, en production. Totalement aliénant. Parfois peur de devenir fou. Mal aux cervicales tout le temps. Mal aux pieds. Migraines avec le bruit des machines. Odeurs de malbouffe. J’avais l’impression comme la veille de me balader dans un morceau de Kraftwerk tiré d’un cauchemar. Le choc sans fin des os broyés sur le métal, ce bruit inerte, aspiré par les tuyauteries vomissant comme dans The Wall des Pink Floyd, leur appétit glouton. Les neurones en crispation. Ce froid daté encombrant, ou ces grills brûlant. Livide submersion.
Ce travail ravage le cerveau.
A 20h30 une des deux femmes de caractère et âgée m’a emmené trier les escalopes panées congelées. Ca coupe et elle ne m’a pas laissé prendre le double de gants au départ comme je lui demandais. Failli m’entailler. J’ai redemandé et obtenu seulement ensuite de me protéger avec doublure de gants. J’ai eu une écorchure qui aurait pu corrompre la suite.
Suis resté au nettoyage du soir. Bien répugnant pour qui ne supporte pas.
Juste heureux de ne pas bosser demain. Rentré comme d’hab’ avec 45 minutes de route de nuit. Épuisé.
Matjules
https://www.facebook.com/groups/MvtDeboutMatjules/permalink/2777550439124367/
Précédemment :
https://collectifinnovationsilluminationspolitiques.wordpress.com/2020/12/26/1-enieme-boulot-dusine/
https://collectifinnovationsilluminationspolitiques.wordpress.com/2020/12/26/2-enieme-boulot-dusine/
A la suite :
https://collectifinnovationsilluminationspolitiques.wordpress.com/2020/12/26/4-enieme-boulot-dusine/
Ping : #2 Enième boulot d’usine | Collectif des Innovations/illuminations Politiques
Ping : #4 Enième boulot d’usine | Collectif des Innovations/illuminations Politiques
Ping : #1 Enième boulot d’usine | Collectif des Innovations/illuminations Politiques