Hommage à Aminadabu Birara (emblématique chef de la résistance à Bisesero lors de la Grande attaque du 13 mai 1994), à la mairie du XVIIIème arrondissement de Paris le 13 mai 2022
Cf. https://www.ibuka-france.org/invitation-a-linauguration-de-la-la-place-aminadabu-birara-le-13-mai-2022-a-paris-18eme/
Le vendredi 13 mai 2022 sort l’ouvrage Simusiga de Serge Farnel aux éditions L’Esprit frappeur (de Michel Sitbon), dans lequel apparait l’enquête de Matjules au Rwanda, via l’article de Luigi Elongui publié par La Nuit Rwandaise #11. Le même jour symbolique, Matjules transmet un exemplaire de ce livre à Marcel Harerimana (fils de Birara) reçu à la mairie du XVIIIème arrd de Paris (pour inaugurer ensuite la place A.Birara) avec un mot de Serge Farnel traduit en kinyarwanda pour lui. Devant l’assistance, Matjules sollicite sa parole concernant les « militaires blancs » de mai 1994 à Bisesero, tel que Marcel et d’autres rescapés ont pu l’exprimer déjà fin 2014 auprès de Matjules, et précédemment avec Serge Farnel ou Bruno Boudiguet.
A noter, la présence dans la salle notamment de Jacques Morel, et de Patrick de Saint-Exupéry (arrivé avant le débat avec la salle).
Je savais de longue date qu’Eric Nzabihimana invité lors de cet événement est opposé à Serge Farnel, et de façon virulente, concernant le 13 mai 1994 : la présence de militaires « blancs » généralement niée, au sujet de la Grande attaque, contrairement à fin juin 1994, éclipsant les témoignages d’une centaine de rescapés basesero, cumulés, sur plus d’une décennie (des années 2000 à fin 2014), vers successivement Cécile Grenier, Serge Farnel, Bruno Boudiguet puis Matjules. Le sujet est ainsi antérieur à Serge Farnel, donc aux critiques contre lui (qui ne tiennent pas du coup, s’il faut en faire la démonstration, comme ici également : https://collectifinnovationsilluminationspolitiques.wordpress.com/2022/06/22/loeil-sur-turquoise-masque-le-13-mai-94-bien-plus-grave-encore/).
Matjules transmet un exemplaire de l’ouvrage Simusiga de Serge Farnel (avec un petit mot traduit) à Marcel Harerimana, et sollicite sa parole concernant les « militaires blancs » de mai 1994 à Bisesero
Vendredi 13 mai 2022 à 16h49 lors du débat avec le public en la mairie du XVIIIème arrondissement de Paris – IMG_2475
Matjules (quelque peu enrhumé) : « J’ai eu la chance de pouvoir interviewer Marcel [Harerimana] fin 2014 à Kigali, au sujet des militaires « blancs » lors de la Grande attaque en mai 94. J’ai ici un ouvrage de Serge [Farnel] pour toi Marcel, avec un petit mot traduit en kinyarwanda. Donc je vais pouvoir te le donner. Ca s’appelle Simusiga, le livre qui vient de sortir. Voilà. Tu as un petit mot à l’intérieur de Serge pour toi. Je voudrais que tu reviennes sur tes témoignages à ce sujet, si tu veux bien ? »
L’interprète d’Ibuka a longuement parlé à Marcel Harerimana, en aparté, suite à ma prise de parole pourtant relativement succincte. J’ai senti son inquiétude et le désarroi dans son expression, comme une tension (signe que ma question dérange et qu’elle devait recadrer selon la doxa dominante). J’ai senti Marcel perplexe, interloqué, ne sachant pas de lui même quoi dire exactement, le regard tendu, perturbé suite à la réaction de la traductrice vers lui, à suivre ses recommandations (comme s’il fallait lui demander son aval à ce sujet).
Déni de Marcel via l’interprète d’Ibuka concernant ses témoignages précédents (notamment vers moi fin 2014) relatifs aux militaires « blancs » du 13 mai 1994, et calomnies d’Eric Nzabihimana contre Serge Farnel & ses témoins.
Vendredi 13 mai 2022 à 16h55 – IMG_2496
L’interprète sur la droite de Marcel Harerimana, traduit sa réponse (faite en kinyarwanda) en français : « Il dit que le 13 mai, il y a du y avoir confusion de dates. Et ils ont vu les soldats français le 26 et le 27 [juin 1994]. Et il se pose la question : Quelle mission ils avaient ? Et puisqu’ils sont venus, qu’ils sont reparti, pendant 3 jours, …s’ils étaient venu pour les sauver, ils seraient restés. Ils ne les auraient pas abandonné pendant ces 3 jours. Mais le 13 mai, ils n’ont pas vu de militaires français. Peut-être qu’il y a une confusion de dates dans les témoignages. Et Eric doit seulement compléter. »
Eric Nzabihimana (en français) : « J’aimerais… »
Laurent Larcher (animateur de la conférence, journaliste et essayiste, ayant par le passé interagi avec le très contestable B.Kouchner) « Là c’est un peu compliqué, parce qu’on réagi à un livre qu’on vient de recevoir… que nous découvrons, qui suscite des réactions. Je ne sais pas si du coup on va avoir le temps pour répondre à un livre que personne ne connait ici. Que moi même je ne l’ai pas lu, …qui s’appelle : Simusiga, Le jour de l’extermination. Comment des soldats français ont massacré à l’arme lourde les derniers résistants du Rwanda. Je ne pense pas que ce soit utile que l’on passe du temps… [inaudible] suivre en amont… [inaudible] On a pas assez d’éléments pour pouvoir vous répondre. Je ne sais pas ce que vous en pensez ? »
Matjules : « En fait, il vient de sortir aujourd’hui. C’est pour cela. »
Laurent Larcher : « D’accord. Mais c’est pas le but aussi de faire la promotion d’un ouvrage… [inaudible] »
Eric Nzabihimana (en français) : « J’aimerais dire moi à propos de ce livre de Serge Farnel, méfiez-vous des témoignages qui sont dans son livre, parce que ce sont des témoignages [étriqués] truqués. Donc Serge Farnel a utilisé des génocidaires et quelques rescapés à qui il a donné de l’argent pour qu’ils témoignent, ou qu’ils parlent de choses qu’il veut écrire dans son livre. Moi même personnellement je l’ai rencontré, entrain d’interroger ces personnes, et j’ai demandé au secrétaire exécutif de… [inaudible] le ministre actuel du ministère ayant les rescapés en… Donc le 13 mai y’a pas eu de français, que ce soient [des militaires ?] … [inaudible] ou que ceux venus à Bisesero. C’est absurde. Donc [inaudible], d’après moi, voilà ce que j’ai fait avant de demander ça à nos autorités. L’auteur de ce livre, il voulait faire que tous les témoignages qu’il avait à Bisesero, …et moi même n’ont pas de confiance. Il voulait transformer notre vérité en utilisant les génocidaires comme des témoins qui se trouvaient dans ce… Je vous remercie. »
[Applaudissements fournis d’une assistance en empathie avec Ibuka, notamment d’Aymeric, un proche de Vénuste Kayimahe, également opposé depuis longtemps aux témoignages des basesero concernant les militaires « blancs » du 13 mai 1994]
S’en prenant à ce moment là au livre Simusiga qu’il a dans les mains, sans évidemment l’avoir lu (il le découvre), Eric Nzabihimana attaque automatiquement l’auteur, Serge Farnel, mais aussi Michel Sitbon, l’éditeur de L’Esprit frappeur (qui avec Izuba éditions publient par ailleurs Jacques Morel et d’autres, dans un même numéro en deux volumes de La Nuit Rwandaise #11 où Luigi Elongui vente le mérite de l’enquête de Matjules concernant les militaires « blancs » du 13 mai 94), comme aux participants de cette enquête approfondie. Le discrédit semble peu évident ! Ainsi pour qu’il y ait « achat » de témoins, il faut qu’il y ait des témoins qui acceptent de se faire acheter. Donc la calomnie vise autant Serge Farnel que les témoins rescapés correspondant !
Que tous les témoins rescapés qui ont parlé de militaires « blancs » les 12, 13 et 14 mai 1994 aient été « achetés » comme il se répète ci ou là depuis plus de 8 ans lors des commémorations notamment, cela voudrait dire qu’une centaine de basesero parmi les survivants ayant fuit les tueries de la Grande attaque, de celles et ceux courant comme ils pouvaient sur les collines de Bisesero pour échapper aux machettes, aux tirs, de cette résistance vaillante contre la fureur macabre des génocidaires, …10-15-20 ans plus tard seraient allés raconter n’importe quoi à quelques enquêteurs pour de l’argent ! Quelle insulte ignoble à leur combat pour leur survie ! A leur dignité et intégrité ! C’est les faire passer pour pire que des menteurs !
Alors même qu’Eric a pu dire bien autre chose il y a des années de cela. Michel Sitbon en est témoin !
D’ailleurs, la présence de Barril au Rwanda se pose, au déclenchement, & durant la période la plus intense du génocide des Tutsi, c’est à dire jusqu’à mi mai 1994. J’ai même posé la question à tout hasard à des rescapés du 13 mai 1994 (sans solliciter en ce sens chacun des 6 basesero que j’ai interviewé fin décembre 2014, mais quand même Emmanuel Karibana, Adrien Harolimana et Marcel Harerimana).
La focale certes nécessaire sur les crimes de Turquoise fin juin 94 sert à faire oublier auprès de l’intelligentsia universitaire le début du génocide, bien plus lourd en nombre de victimes, et particulièrement la Grande attaque sur les collines de Bisesero. Que l’on ne nous serve pas sans cesse l’absence de méthodologie, réservée à des spécialistes aveugles et sourds tel que j’ai pu en rendre compte, vis à vis des témoignages de basesero rescapés vers Cécile Grenier, Serge Farnel, Bruno Boudiguet, et moi Matjules.
Même un Dupaquier souvent le sourire aux lèvres quant il s’exprime concernant le génocide des Tutsi (sa propension à la fierté quelque peu déplacée vu le contexte, sans rappeler l’étendue de son rejet de nos enquêtes) a parlé de l’éventualité de l’intervention de militaires français bien avant juin 94 !
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