(suite à 40 taf en prolo’)
2e jour de taf de 12h à 21h30. Je me retrouve à la chaîne en production. En tête de tapis roulant, avec du jambon de mauvaise qualité qui s’effrite et colle. Il est très difficile de séparer les morceaux, et les disposer sur une recomposition de viande en forme ovale. Je comprendrai ensuite que l’on fabrique des cordons « royal » (qui n’ont que l’appellation de nom). Le tapis va trop vite. Je perds pieds plusieurs fois. Pas le temps de lever la tête. Je ne vois même pas le visage de mes voisins à moins d’un mètre pendant que je travaille (les mesures de distanciation ne sont pas appliquées correctement par l’entreprise). C’est difficile, douloureux pour la nuque vu ma taille, et ça ne s’arrête pas. Impossible d’aller aux WC, de se gratter le visage, ou de se moucher. On a des protections pour l’hygiène. Je passe sur un autre tapis, chaud cette fois. On m’explique à peine. Je ne comprends pas ce qu’il faut faire. Ca dure. Puis un autre tapis, gluant et froid cette fois. La jeune femme n’est pas coopérante. Je ne capte rien non plus de ce qu’il faut retirer, et lancer dans la cuve au dessus. Ca s’éternise également. Je retourne ensuite à la première ligne de la matinée, cette fois avec le fromage. Ca s’effrite moins, ouf. Je suis pas trop mauvais ici. On m’a complimenté une ou deux fois jusque là, pour deux trois reproches ensuite. Ce travail à la chaîne me fait horriblement mal aux cervicales, comme je suis plus grand que les autres. La tête baissée pendant des heures. Et le temps est interminable. J’ai l’impression d’y être depuis 10 ans. De perdre la boule. Deux vieilles femmes font un peu la loi.
Je les retrouverai le lendemain, l’une m’emmerdant pour une protection de cheveux rose en dessous de celle jaune que le chef m’a tendu sans en dire davantage. La jeune femme peu collaborative (je connais ce genre là) s’y mettra aussi. J’ai alors poussé ensuite une bassine lourde de viande recomposée à sa place pour la calmer.
D’un coup on m’emmène en milieu d’aprem’ passer 5 heures à me geler en packaging (la température en production n’est pas la même, et on m’a pas filé de tenue adéquat), en mode statique cette fois, à coller des étiquettes. Le rouleau tourne au bout d’un moment, et je ne vois plus où les poser correctement. Tout mon corps tremble non stop, tellement ça caille. Je sens la crève venir, en plus du dos pété précédemment.
Sur le trajet retour, j’ai littéralement la haine.
Matjules
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