Sur grand écran, Michel, Franck, Christine et l’ensemble des camarades explorés ici apparaissent soudain comme des acteurs.
De véritables personnages, reprenant donc une place, en avant (bien que sombre par nature). Ainsi en lumière, leur souffrance et parole, respectivement, face au dédain, oubli et négligence commune, en société, de toutes parts.
A hauteur de macadam, sous les auspices de la pluie, du vent, de la neige, ces vagabonds de l’existence arpentent les rues, tentent de dormir, se déploient, ou philosophent.
L’image est belle, poétique, traduisant la dureté, les silences, la solitude et isolement. Au quotidien, sur des années, jusqu’au bout trop souvent. Ainsi que les choses encore à perdre ou préserver. Un abri, une tente, des vêtements, comme un rire ou sourire, le lien avec un proche…
Une intrusion respectueuse en cette marginalisation de plus en plus présente. Vu les reculs sociaux, l’esprit d’excellence et compétition portés au zénith.
Et rappelant l’ouvrage de référence Les Naufragés de Patrick Declerck. L’émouvant documentaire Enfants de Don Quichotte de Ronan Dénécé, Augustin et Jean-Baptiste Legrand. Ou encore le très beau recueil visuel Portrait de groupe avant démolition de Denis Robert et René Taesch.
Le CIIP est donc solidaire de cette excellente réalisation ; vraiment encore trop peu diffusée, malgré le sens profond et essentiel porté à nos yeux. Bravo aux équipes ayant entouré sa création, afin de toucher un public le plus large possible.
A noter : Sylvain Leser à la photographie.
Matjules, Claus et Sylvain à la fin de la séance de 20h, à l’Espace St Michel à Paris, le 22 janvier 2014.